Les Rochers sculptés de Rothéneuf sont un des environnements spontanés sous forme de sculptures monumentales relevant de l'art brut parmi les plus connus de Bretagne.
Ils ont été réalisés de fin 1894 à 1907, par l’abbé Adolphe Julien Fouéré, dit l'abbé Fouré (1839-1910).
L'Abbé Fouré exerça successivement son ministère à Paimpont, Guipry, Forges-la-Forêt et Maxent et Langouët.
En 1894, il est contraint d’abandonner son poste de recteur à Langouët malgré une pétition de ses paroissiens et de se retirer comme prêtre habitué, à Rothéneuf, à 5 km de Saint-Malo (Rothéneuf se trouve aujourd'hui dans la grande banlieue de cette ville, mais en 1900, était rattaché à la commune de Paramé, station balnéaire alors en vogue).
L'ecclésiastique entame alors une œuvre monumentale, directement taillée sur les rochers, fresque sculptée en plein air, à la merci de l'érosion marine. Pendant treize ou quatorze ans, de fin 1894 à 1907, il sculpte plus de 300 statues sur cet ensemble remarquable de rochers granitiques surplombant la mer et crée de nombreuses sculptures en bois dans sa maison du bourg appelée « Haute Folie », « Hermitage de Rothéneuf » ou « Maison de l'Ermite » et également connue plus tard sous le nom de « Musée Bois ».
En 1907, frappé de paralysie, et atteint de difficulté d'élocution, il est contraint d'arrêter toutes ses activités. On le voit alors reposant dans son célèbre fauteuil, dans la maison où il décède le 10 février 1910.
Ses figures sculptées vont du bas-relief aux visages totalement dégagés. Elles étaient à l’origine polychromes, les traits de certaines de ses figures étant soulignés au goudron.
L'inspiration de l'abbé Fouré est variée. Elle ne représente pas comme on l'a trop souvent dit, la légende d'une imaginaire famille de contrebandiers ou corsaires de cette côte, mais bien plutôt des personnages connus ayant un rapport avec l'actualité de son époque…
La Guerre du Transvaal fait ainsi l'objet d'une saynète campant ses hommes célèbres, le président Krüger, le colonel de Villebois-Mareuil…
L'actualité coloniale de son époque paraît l'avoir beaucoup occupé. En catholique militant, et patriote nationaliste, peut-être royaliste, il semble avoir voulu en maints endroits de ces sculptures faire de la propagande pour l'évangélisation des peuplades soumises par la France.
L'abbé sculpte également des saints bretons légendaires comme Saint Budoc, représenté deux fois dans les rochers, dans une auge de pierre et sur son gisant.
L'homme célèbre de Rothéneuf, Jacques Cartier, est l'un des thèmes préférés de l'abbé qui l'a représenté non seulement dans les rochers mais aussi en bois dans l'ermitage qu'il habitait dans le bourg à proximité de la côte.
Les visiteurs ont toujours été très nombreux à venir visiter les rochers sculptés.
Encore aujourd'hui c'est une curiosité fort appréciée, de plus en plus érodée par le temps, les embruns, les ruissellements.
Les chercheurs révèlent depuis peu de nouvelles sources d'information qui permettent de ranimer la mémoire de l'abbé et de mieux le connaître, le Guide de son musée édité en 1919 par exemple ou les articles parus de son vivant dans des journaux comme L'Éclair, La Côte d'Émeraude, Le Salut, Lectures pour tous, etc.
Le site n'est ni classé, ni inscrit aux Monuments historiques.
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