Emeraude Nature - Fort de La Conchée - Emeraude Nature
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La Conchée est un îlot rocheux fortifié situé au large dans la baie de Saint-Malo. Construit par Vauban, le fort recouvre la quasi-totalité de l'îlot situé face à la grande plage de Rochebonne.
Ressemblant à un vaisseau de granit, difficilement accessible même par temps calme, le fort est en cours de restauration.
Le fort de la Conchée se situe en baie de Saint-Malo à deux milles marins (3 700 m) au nord du port. Il fut édifié par Vauban à partir de 1692 pour s’opposer aux attaques des navires anglais.

À cette époque, Saint-Malo était le mouillage abrité dans l’entrée de la Rance d’une importante flotte de navires corsaires qui traquait dans toute la Manche, la mer du Nord et même en Atlantique, les navires marchands, pour s’approprier leurs cargaisons. Ces butins constituaient un commerce florissant, « un véritable coup de couteau au cœur des négociants anglais. » Aussi réclamaient-ils la protection de leur souverain pour ces pratiques qu’ils « assimilaient purement à de la piraterie. » Les vaisseaux de guerre anglais pourchassaient sans relâche les corsaires français et se rassemblaient en d’importantes flottes de guerre, pour attaquer les ports où s’abritaient les corsaires. Saint-Malo était le plus important et les Anglais ne songeaient qu’à le détruire.

En 1689, dans la ligue d’Augsbourg, la guerre étant déclarée avec l’Angleterre et les Pays-Bas, Louis XIV confia à Vauban, commissaire général des fortifications du Royaume, la mission de renforcer les vieux remparts de Saint-Malo et de construire trois nouveaux ouvrages : le Fort Royal aujourd’hui le Fort National, le Petit Bé et le Fort Harbour. Mais ces défenses ne pouvaient empêcher l’entrée dans la fosse aux Normands des vaisseaux ennemis qui venaient y mouiller pour bombarder la cité. Aussi imagina-t-il de construire, sur la roche isolée de Quincé, le fort de la Conchée armé de six canons de 48 livres, les plus puissants de l’époque, pour prendre à revers la flotte ennemie.

Mais pour faire face à une centaine de vaisseaux et de galiotes, il fallait protéger les canonniers des boulets et disposer d’une large autonomie en munitions et vivres car une fois le combat engagé, il n’y aurait plus aucune possibilité de venir secourir la garnison encerclée. Siméon de Garrengeau, l’architecte adjoint de Vauban, dessina huit salles de tirs sous des voûtes de près de 2 m d’épaisseur et aménagea dans les logis de vastes greniers pour emmagasiner un mois de vivres.



En 1689, Saint-Malo était alors un centre corsaire actif ouvert sur la Manche. Une attaque maritime massive menée par les ennemis du royaume de France devenait très probable. Lors de l'inspection des fortifications côtières, Vauban, architecte du roi Louis XIV, décide de renforcer et d'améliorer ses défenses.
Sous ses ordres, l'ingénieur-militaire Siméon Garangeau restaure les remparts de la ville et construit le Fort Royal (actuel fort National), le fort du Petit Bé, le fort Harbour et le fort de la Conchée.

Le choix de ce petit îlot de la Conchée (70 m de long pour 25 de large, et n'émergeant que de 5-6 mètres à marée haute), cerné par de violents courants et recouvert par les vagues à chaque coup de vent, est une gageure.
Mais, entre ce roc et la côte, il y a la fosse aux Normands. Dans cette zone dépourvue de récifs dangereux, les fonds de sable sont de bonne tenue et il y a toujours assez d'eau pour que de gros navires de guerre puissent mouiller leurs ancres à portée de canons de la ville fortifiée.

Pour protéger la garnison dans un ouvrage isolé, Vauban décide de construire un fort-casemate unique en son genre. Des voûtes « à l'épreuve de la bombe » et des murs très épais percés de larges embrasures permettent aux canonniers de couvrir la fosse aux Normands.
La réalisation de ces salles intérieures voûtées est un témoignage incomparable de l'extraordinaire maîtrise des ingénieurs militaires du XVIIe siècle.

« La Forteresse de la Conchée sera, cy-apres, la meilleure forteresse du Royaume, la plus petite et la mieux entendue comme elle fut la plus difficile à construire car jamais ouvrage ne le fut tant »
— Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban


En 1695, lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, c'est comme prévu dans la fosse aux Normands que vient mouiller une très importante escadre anglo-hollandaise. Seul le tiers sud de l'ouvrage est à peu près terminé mais il y a déjà de l'artillerie. Les coalisés considèrent cet obstacle comme suffisamment gênant pour tenter de le détruire au préalable en utilisant canons et brûlots. En vain. Le fort, ayant prouvé son efficacité, a rempli son rôle et il n'y aura plus d'incursion dans la fosse aux Normands.
Pour l'essentiel, l'ouvrage est achevé vers 1705 puis remanié et amélioré par la suite.

Le fort est démilitarisé en 1901, abandonné pendant des décennies et fortement endommagé pendant la libération de Saint-Malo à l'été 1944 par des artilleurs allemands qui l'utilisaient comme cible de réglage puis, lors de la libération de Saint-Malo, par des tirs perdus lors de l'intense pilonnage allié de l'île de Cézembre, bunkerisée par les Allemands.
Il devient vers 1946 la propriété d'un architecte, M. Cournon, puis celle de M. De Quenetain. En 1947, il est classé monument historique. Il existe une maquette (datant de 1695) du Fort de la Conchée, visible au musée des Plans-reliefs (hôtel des Invalides, Paris).
Le site est classé par décret en 1935 et le fort dans sa totalité est classé au titre des monuments historiques le 13 septembre 1984.

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